Investir dans la santé mentale pour gagner en productivité
10 Octobre 2023
Signataires :
Martin Binette, directeur principal, développement et croissance, Relief – Le chemin de la santé mentale
Pierre Graff, PDG du Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec (RJCCQ)
10 octobre 2023 — À l’occasion de la journée mondiale de la santé mentale, le Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec et l’organisme Relief font le constat commun que la santé mentale des entrepreneurs, des gestionnaires et des employés se dégrade. Le coût financier de cette situation est de plus en plus élevé. La santé mentale, si on n’en prend pas soin, a un impact considérable sur la santé financière des entreprises et sur leur productivité. Et donc sur notre richesse collective. Il est temps d’en parler !
Le monde du travail traverse une véritable crise de santé mentale qui a commencé avant la pandémie et qui se prolonge sans transition dans un climat économique très incertain. Au Canada, un employé de PME sur deux vit avec un enjeu de santé mentale ou de dépendance auto rapportée. La détresse psychologique est encore plus significative chez les jeunes. C’est ce que conclut une toute récente enquête menée par la Chaire de recherche Relief en santé mentale, autogestion et travail, propulsée par Beneva et sis à l’Université Laval. C’est aussi le constat que le RJCCQ dresse dans la dernière étude Travaillons ensemble réalisée par Léger. Seulement 43% des jeunes professionnels font une évaluation positive de leur santé mentale. Du côté des entrepreneurs, on aurait pu espérer que « ça va bien aller »… mais pour l’instant ça ne va pas très bien. Ainsi, 22% des dirigeants d’entreprises invoquent l’épuisement comme motif de départ et de souhait de transfert d’entreprise selon la FCEI.
Négliger la santé mentale peut coûter très cher aux entreprises
À la détresse humaine s’ajoutent les coûts financiers associés aux problèmes de santé mentale qui sont extrêmement élevés. La firme Deloitte estime qu’au Canada 500 000 personnes s’absentent du travail chaque semaine pour des raisons liées à la santé mentale. Au Québec, le ratio est de 30 personnes pour 1000. La perte de productivité totale attribuable à l’absentéisme causé par des problèmes de santé mentale et au présentéisme (se présenter au travail malgré des problèmes de santé) représente 6,3 milliards de dollars chaque année au Canada.
Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, le coût de remplacement d’une ressource humaine est toujours plus grand que les coûts reliés aux différentes formes d’adaptation et d’accommodement qui peuvent être mis en place pour maintenir la ressource en emploi.
Il est rarement pris en compte dans ce calcul l’impact de la charge de travail supplémentaire qui s’exerce sur l’équipe en place durant ce processus. Cette surcharge a un impact direct sur la santé mentale des membres de cette équipe, voire de l’organisation selon la durée du processus.
Prendre soin de la santé mentale au travail peut vous faire gagner en productivité
Le RJCCQ et Relief, impliqués dans la communauté d’affaires, sont témoins des efforts des employeurs pour sonder leurs employés et leurs gestionnaires en détresse, et pour mettre en place des stratégies innovantes afin d’améliorer la santé mentale au travail. D’ailleurs, 89% des jeunes professionnels selon l’étude Léger du RJCCQ jugent positivement les initiatives de soutien en matière de bien-être psychologique mises en place par leurs employeurs lorsqu’ils y ont accès.
Pour les employeurs, la première action à faire consiste à engager la discussion et à poursuivre les efforts de dé-stigmatisation des enjeux de santé mentale. Des outils en ligne permettent aux ressources humaines d’une organisation d’autoévaluer sa santé psychologique et globale. Enfin, les employeurs disposent de ressources de soutien dont ils peuvent faire la promotion. Les solutions existent et leur bénéfice est grand tant pour l’entreprise que pour l’employé.
Un appel à la responsabilité partagée pour reprendre du pouvoir sur sa santé mentale
Chaque personne peut aussi participer activement à son rétablissement notamment en appliquant l‘autogestion à son quotidien, via les programmes de santé mentale en milieu de travail, les programmes d’aide aux employés, les ateliers d’autogestion ou encore l’accompagnement individuel. Plus on va démocratiser l’accès à une prise en charge de sa santé mentale et, sensibiliser tant les employeurs et que les employés, que c’est bénéfique d’en parler mieux, ça ira.
En ce 10 octobre, gardons en tête que la santé mentale, c’est l’affaire de tous qu’on soit travailleur, gestionnaire, entrepreneur ou encore une personne en processus de rétablissement. C’est une responsabilité partagée et ça commence par soi. Avoir les bons outils pour reprendre du pouvoir sur ça, c’est déjà être sur la bonne voie.